In media res

L'autre jour, je recevais un mail vantant une méthode de prise de notes extrêmement efficace, en particulier pour les neuroatypiques. Belle cible marketing, les neuroatypiques.

In media res
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L'autre jour, je recevais un mail vantant une méthode de prise de notes extrêmement efficace, en particulier pour les neuroatypiques. Belle cible marketing, les neuroatypiques. Sans grande conviction, je parcourais en diagonale la propagande. Si les grandes lignes étaient banales, un point méritait que l'on y prêta attention.

Monétisez vos notes ! N'attendez pas la rédaction, les relectures et les corrections... Vos notes ont déjà de la valeur.

Certes.

J'entrevois l'idée sous-jacente. Le truc des neuroatypiques, mais pas uniquement. Le perfectionnisme. Ce biais, ou plutôt cette malédiction, que l'on retrouve fréquemment. Le passage du matériau brut, les notes donc, au texte fini prendra du temps, beaucoup de temps. Et, encore, si l'auteur arrive au bout.

Et, finalement. Pourquoi pas ? J'ai des velléités d'écriture. J'aspire à la publication. Pourquoi attendre que le manuscrit soit terminé ? Accepté qui sait, relu, corrigé  et enfin publié ?

Je me lance. Je récupère à mon compte l'idée : balancer des passages, bruts, sans relecture, sans correction, sans filtre. Poursuivre peut-être, jusqu'au matériau façonné, poli, publiable.

In media res est une locution latine désignant, d'après le dictionnaire, le procédé narratif qui consiste à placer l'audience au cœur de l'action sans préalables.

Je vous place, cher lectorat, au cœur de mon écriture.

Tu humes l'air à l'orée du camp, les yeux clos pour discriminer les odeurs. Parfum puissant et métallique du sang. Tu perçois l'agitation et la colère par delà les effluves. Et la peur, surtout la peur. Viscérale. Primordiale. La peur de la mort qui rôde. Frisson. Alerte. Nouvelle décharge d'adrénaline. Inspiration, expiration, trois fois. Une gorgée d'élixir, encore.

Tu tombes sur Freddy, incohérent, en panique.

« Du sang… Elle va crever… les salauds… Du sang, ils l'ont planté ! » Il t'attrape par le col, il hurle. « Elle va crever, j'te dis !
— Lâche-moi Freddy. Explique. » Tu le repousses sans violence, mais fermement.
— « Friska, elle pisse le sang. Enculés ! J'vais leur faire la peau !
— Arrête-ça ! Li ?
— Du sang. Partout sur elle… Ça dégouline… Le sang ! » Tu l'abandonnes à ses délires. L'urgence, c'est Li.

Tu entres dans l'abri de Li sans t'annoncer. Elle est assise là, à même le sol. Couverte de sang et de larmes, elle berce doucement sa chienne. Elle lève les yeux vers toi. Son regard n'est que désespoir. Tu t'accroupis face à elle, résolu. Tu sais ce que tu dois faire.

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